ghosts of sadness

2024, exposition nationale Swissceramics « Cancel culture », Château de Thun

HARTMANN & EBERHARD
En 1322, le Château de la ville de Thoune appartient aux comtes de Kibourg-Berthoud. Cette même année, les deux frères Eberhard II et Hartmann II entrent dans une querelle à propos de leur héritage. On raconte qu’Eberhard aurait blessé son frère à l’épée dans l’escalier en colimaçon puis ses partisans auraient achevé le travail en précipitant Hartmann dans la cour.

English below

Y a-t-il, pour deux hommes avides de pouvoir, une alternative à l’usage de la violence?

Quelles traces ou résidus laissent les événements violents dans les espaces où ils ont eu lieu? Que peut-on y ressentir, des centaines d’années plus tard?

L’histoire du fratricide est documentée et présentée dans le musée. Un dispositif sonore se déclenche lorsque les visiteurs-euses montent l’escalier de la tour qui débouche dans un petit espace vide. Lieu présumé du crime, soigneusement et sobrement rénové, baigné d’une belle lumière naturelle provenant de deux ouvertures vitrées dont les embrasures sont aménagées d’un coussiège. Certainement bancs de veille à l’époque, ces éléments architecturaux évoquent également, dans d’autres contextes, une activité paisible contrastant ainsi avec la violence de l’acte d’autrefois.

Si les frères s’étaient accordés à l’époque, auraient-ils, chacun assis tranquillement à la fenêtre à contempler leurs terres, trinqué ensemble à leur entente?

Deux coupes à boire en porcelaine, diaphanes, sont abandonnées sur l’un des coussièges. Les objets, dont la forme est inspirée des récipients de l’époque, transportent une certaine ambiguïté. Les meurtres par empoisonnement étant fréquents à l’époque du fratricide, le sentiment d’une entente pacifique ou d’une réconciliation possible est inconfortable.

Dans le cadre de l’exposition nationale swissceramics au Château de Thun
As part of the swissceramics national exhibition at Thun Castle
4 mai > 31 octobre 2024

EN

HARTMANN & EBERHARD
In 1322, Thun Castle came under the ownership of the Counts of Kiburg-Berthoud. That same year, the two brothers Eberhard II and Hartmann II got into a dispute over their inheritance. Eberhard is said to have wounded his brother with a sword on the spiral staircase, before his partisans finished the job by rushing Hartmann into the courtyard.

Is there any alternative to the use of violence for two power-hungry men?

What traces or residues do violent events leave in the places where they took place? What can we feel there, hundreds of years later?

The history of fratricide is documented and presented in the museum. A sound system is activated as visitors climb the staircase in the tower, which leads to a small empty space. This is the presumed scene of the crime, carefully and soberly renovated, bathed in beautiful natural light from two glazed openings whose embrasures are fitted with an integrated seat. These architectural elements, which were certainly used as watch benches at the time, are also, in other contexts, evocative of a peaceful activity, contrasting with the violence of the act of the past.

If the brothers had come to an agreement back then, would they, each sitting quietly by the window looking out over their land, have toasted to their agreement ?

Two diaphanous porcelain drinking goblets lie abandoned on one of the seat. The objects, whose shape is inspired by the vessels of the period, convey a certain ambiguity. Murders by poisoning were commonplace in the age of the fratricide, so the sense of peaceful understanding or possible reconciliation is uncomfortable.

translated from French