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2000, villa Le Corbusier, Corseaux VD

Intervention sur le lieu de la villa « Le Lac » à Corseaux/VD, construite en 1924 par Le Corbusier, 2000 (travail de diplôme, école des arts appliqués, Vevey).

lieu

La villa « Le Lac » fût construite en 1924 par les architectes Edouard Jeanneret, dit Le Corbusier, et son cousin Pierre Jeanneret. La mère de Le Corbusier y vécu jusqu’en 1960. Son frère Albert Jeanneret, musicien, y vécu ensuite jusqu’en 1973. Dès lors, la maison est devenue propriété de la Fondation Le Corbusier, à Paris, selon le legs que l’architecte avait fait de son vivant. La maison fût déclarée monument historique en 1962.

1923  Le Corbusier trouve le terrain idéal à Corseaux, au bord du lac. Orienté plein sud, face aux montagnes, il mesure 30 mètres de long sur 12 mètres de large. Il longe le chemin bergère. Après de difficiles négociations, il est finalement acquis en mai 1924.
1924 Construction. Les façades sont recouvertes de crépis blanc.
1930  Le chemin bergère se transforme en route internationale du Simplon. La modification des limites de parcelle permet la construction de l’annexe qui, comme pour la façade nord, est recouverte de tôle galvanisée. Protection climatique, ce revêtement cache également les nombreuses fissures de la façade. La haie, qui longeait jusque là le chemin, est remplacée par un mur afin de lutter contre le bruit de la nouvelle route.
1950 La maison se rompt en deux morceaux en raison de l’absence d’un joint de dilatation entre partie excavée et partie non excavée. Afin de remédier aux problèmes d’étanchéité et pour cacher les fissures, la façade sud est à son tour recouverte d’un revêtement de tôle (aspect actuel).

Plusieurs aspects définissent cette machine à habiter :
La surface allouée à chaque fonction de l’habitat est réduite à son minimum. Tous dégagements compris, l’habitation mesure 60m2, sur un seul niveau. Le plan de l’habitation est constitué de 7 modules rectangulaires de 4m/2m70. Proportionnellement, le jardin correspond également à un module. Les parois blanches, nues ou couvertes d’une seule couleur, ont pour but l’affirmation ou l’effacement des volumes.
L’objet-sentiment des intérieurs traditionnels est remplacé par l’objet-outil conforme aux besoins types de l’homme (ex: mobilité fonctionnelle des lampes du séjour). L’utilisation récente du béton armé a permis de réduire les murs porteurs. Ceci permis de développer une architecture moderne, avec plan libre, toit-terrasse, fenêtre en bande…

intervention

Si l’on considère la vue depuis le lac, on voit qu’un mur écran répond à la façade de l’habitation. Chaque façade avec son ouverture, définit un espace distinct: l’habitation et le jardin.

« le site est là comme si l’on était au jardin » L.C.
Rendue possible par la récente utilisation du béton armé, la fenêtre en bande rassemble toute la lumière à la hauteur des yeux. Aboutissant jusqu’aux coins des murs faisant angle droit avec sa surface, elle offre le meilleur éclairage de l’intérieur. Ces particularités lui confère une fonction d’intermédiaire entre l’intérieur et l’extérieur : le monde extérieur fait irruption dans l’intérieur.
 
« le jardin, clos de murs, sert de chambre d’été » L.C.
Côté lac, un segment du muret a été surélevé de façon à former un écran en pierre apparente. L’ouverture en son centre propose l’image d’un trou dans le mur et nous renvoie à l’architecture traditionnelle. A l’inverse de la fenêtre en bande, cette fenêtre traditionnelle impose une limite à la vision. Elle définit un lieu et un seuil, et établit ainsi un rapport d’exclusion spatiale et sentimentale. Elle détache du paysage dans sa continuité une « veduta » dont elle met en évidence la qualité en tant qu’image. Le linteau et le rebord en béton armé instaurent un rapport dimensionnel précis (module) avec la fenêtre en bande.
Les murs Nord, Est et l’écran au Sud cloîtrent le petit jardin et définissent son espace: une salle de verdure, un intérieur.

Marquant la frontière entre système traditionnel et architecture nouvelle, les deux types d’ouvertures aux implications spatiales et symboliques fondamentalement différentes, se confrontent et s’opposent. Ainsi, chaque ouverture confère à l’espace auquel elle est destinée les qualités de l’espace opposé. Pour chaque espace, habitation et jardin, on peut donc parler d’un espace ressenti opposé à l’espace réel.

Mon intérêt s’est porté sur cette opposition entre espace ressenti et espace réel. Les fenêtres définissant la qualité de chacun des espaces, j’interviens dans le prolongement de celles-ci en effectuant une projection, soit vers l’extérieur, soit vers l’intérieur.

LIGNE DE VERRE Posée sur le muret extérieur au bord de l’eau, dans le prolongement de la fenêtre en bande. Le verre, suivant les irrégularités du muret, change la qualité de celui-ci. D’obstacle entre l’habitation et le paysage, il devient passage… Le matériau verre est choisi pour ses qualités de transparence et de réflexion de la lumière. Les sections de 53 cm correspondent à la petite largeur du module de fenêtre.
Réalisation : verre à vitre, 5mm d’épaisseur – moulage en plâtre du mur – thermoformage du verre, four électrique – pose avec du silicone transparent.
DALLE DE BETON Posée horizontalement dans l’espace du jardin. Située dans le prolongement de la fenêtre, à même distance entre le mur écran et le mur nord, elle prolonge l’espace intérieur jusqu’au mur de clôture nord. Le matériau béton est choisi pour ses qualités d’opacité, de densité. Sa teinte claire s’apparente au vide de la fenêtre dont le rebord et le linteau sont également en béton. La surface correspond à la taille de la fenêtre, soit 1m60 sur 1m15.
Réalisation : béton armé brut – coulé directement sur place

DE

Das Haus wurde 1924 von den Architekten Edouard Jeanneret, bekannt als Le Corbusier, und Pierre Jeanneret erbaut.
Jede Fassade definiert einen deutlichen Raum, das Haus und den Garten. Die horizontale Öffnung des Hauses oder Fensterband, die durch die jüngste Verwendung von Beton ermöglicht wurde, ermöglicht es der Außenwelt, in das Innere einzudringen.
„Le site est là comme si l’on était au jardin“ L.C.
Im Garten wurde ein Abschnitt der niedrigen Mauer angehoben, um einen Bildschirm zu bilden. Die Öffnung in der Mitte bietet das Bild eines Lochs in der Wand, das uns zurück zur traditionellen Architektur führt. Es definiert einen Ort und eine Schwelle und stellt somit ein Verhältnis von räumlicher und sentimentaler Ausgrenzung her.
„Le jardin, clos de murs, sert de chambre d’été“ L.C.
Die beiden Arten von Öffnungen mit unterschiedlichen räumlichen und symbolischen Implikationen, die die Grenze zwischen traditionellem System und neuer Architektur markieren, konfrontieren und widersprechen sich. Somit gibt jede Öffnung dem Raum, für den sie bestimmt ist, die Eigenschaften des gegenüberliegenden Raume

EINSCHREIBUNG Mein Interesse richtete sich auf diesen Gegensatz zwischen Gefühl und Realität. Die Fenster definieren die Qualität der einzelnen Räume; ich greife in die Erweiterung ein, indem ich eine Projektion entweder nach außen oder nach innen durchführe.
In der Mitte des Gartenraums wird eine Betonplatte von der Größe der Öffnung in der Wand verlegt. Eine Linie aus thermogeformtem Glas wird auf den niedrigen Mauer am Rand des Wassers angebracht.