l’état de la matière

2021 >22, Théâtre Nuithonie, Fribourg

Théâtre Nuithonie

Villars-sur-Glâne/Fribourg

Intervention in situ, en dialogue avec l’architecture du lieu, en particulier l’espace menant à la salle Mummenschanz, dit « couloir pas perdus ».

Visible du 1er novembre 2021 au 6 février 2022

premier jour de montage

©Thomas Telley
©Thomas Telley
©Thomas Telley

intention

Cet immense mur en béton brut m’a toujours impressionnée. En analysant l’architecture du lieu, on comprend que le grand volume qui contient la petite salle, les ateliers et une salle de répétition est désaxé par rapport au plan du bâtiment, produisant ainsi un effet de perspective accentué. L’espace qui en résulte, espace de déplacement, de transition, m’a inspiré.

Face aux défis actuels, autant environnementaux que sanitaires, de grands changements sont inéluctables. Des changements de comportement, d’habitudes, mais aussi de disposition d’esprit. Dans notre quotidien, où la vitesse est tyrannique, nous ne faisons que réagir à ce qui se présente et exige une réponse immédiate, pragmatique. Nos esprits s’échauffent et nos corps s’oublient. Le théâtre, comme toute autre forme d’art, nous contraint à ré-orienter notre attention, à laisser la place aux émotions, à ressentir physiquement, à changer d’état. Il nous faut recevoir, prendre le temps de voir, d’écouter et d’assimiler.

« L’état de la matière » apporte une dimension organique à ce changement de disposition d’esprit qui s’opère lors de notre déplacement dans ce couloir des pas perdus vers la salle Mummenschanz.

De simples lignes d’argile, fragiles, d’un matériau extrait localement, médium archaïque, imposent une présence formelle discrète en contraste avec le béton, massif, matériau de la construction endémique contemporaine. La production de ces petits traits d’argile, émanations du geste, engage le corps; l’idée se matérialise dans quelques kilos d’argile et la différence de température de cuisson seule permet d’obtenir différents états du même matériau.

Oeuvre in situ, elle n’est pas autonome mais s’intègre intimement dans l’architecture pour réveiller notre attention à l’espace.

L’horizontalité nous accompagne au fil de notre déplacement, suivant le motif dominant des lignes de coffrage du béton; une certaine tension se crée avec la densité de la présence des éléments et leurs différentes matérialités, accentuant l’effet de perspective et la sensation de vitesse.
Puis, en changeant d’espace, une rupture. Le regard est attiré vers le haut; les lignes ont changé d’orientation, comme nous avons changé d’état.

Deutsche übersetzung hier.

EN

state of materia

An artistic intervention in situ, in dialogue with the architecture of the theatre, in particular the space leading to the Mummenschanz auditorium, known as the « couloir pas perdus » (corridor of lost steps).

This immense wall of rough concrete has always impressed me. If you analyse the architecture of the place, you realise that the large volume containing the small auditorium, the workshops and a rehearsal room is offset from the plan of the building, producing an accentuated effect of perspective. I was inspired by the resulting space, a space of movement and transition.

In the context of today’s environmental and health challenges, major changes are inevitable. Changes in behaviour and habits, but also changes in mindset. In our day-to-day lives, where speed is tyrannical, we simply react to what comes along and demands an immediate, pragmatic response. Our minds race and our bodies disappear. Theatre, like any other art form, forces us to redirect our attention, to make room for emotions, to feel physically, to change our state of being. We have to experience, take the time to see, listen and assimilate.

« L’état de la matière » brings an organic dimension to this change of mindset as we move through the corridor of lost steps towards the Mummenschanz room.

Simple, fragile lines of clay, made from a locally extracted material, impose a discreet formal presence in contrast to the massive concrete that is the material of contemporary endemic construction. The production of these small lines of clay, emanations of gesture, engages the body; the idea materialises in a few kilos of clay and the difference in firing temperature alone enables different states of the same material to be obtained.

A site-specific work, it is not autonomous, but is intimately integrated into the architecture to awaken our attention to space.

Horizontality accompanies us as we move along, following the dominant pattern of the concrete formwork lines; a certain tension is created by the density of the presence of the elements and their different materialities, accentuating the effect of perspective and the sensation of speed.
Then, as the space changes, there’s a break. Our gaze is drawn upwards; the lines have changed orientation, just as we have changed state.

rencontre

L’oeuvre est là parce que l’on va au théâtre. Ainsi, j’ai proposé durant la période d’installation, en lieu et place d’un grandiose vernissage, quatre moments de rencontre, précédant une représentation.

presse

“L’impact environnemental de l’oeuvre”, article de Maxime Papaux, paru dans le quotidien La Liberté, le 20 janvier 2022 à propos de L’état de la matière

technique

Argile de la carrière de Wallenried-FR, exploitée par la briqueterie de Guin.
(Tuileries Fribourg & Lausanne SA)

La dimension, la couleur et l’état de vitrification varient en fonction de la température de cuisson, entre 960° et 1160°.

L’intervention est constituée de 426 éléments façonnés avec à peine 9 kg d’argile.

merci

à la Fondation Equilibre-Nuithonie, à la Loterie Romande, à la Commune de Villars-sur-Glâne et aux Tuileries Fribourg & Lausanne SA pour leur soutien.