


Théâtre Nuithonie
Villars-sur-Glâne/Fribourg
Intervention artistique in situ, en dialogue avec l’architecture du lieu, en particulier l’espace menant à la salle Mummenschanz, dit « couloir pas perdus ».
Visible du 1er novembre 2021 au 6 février 2022

rencontre
L’oeuvre est là parce que l’on va au théâtre. Ainsi, j’ai proposé durant la période d’installation, en lieu et place d’un grandiose vernissage, quatre moments de rencontre, précédant une représentation.
“L’impact environnemental de l’oeuvre”, article de Maxime Papaux, paru dans le quotidien La Liberté, le 20 janvier 2022 à propos de L’état de la matière



intention
Cet immense mur en béton brut m’a toujours impressionnée. En analysant l’architecture du lieu, on comprend que le grand volume qui contient la petite salle, les ateliers et une salle de répétition est désaxé par rapport au plan du bâtiment, produisant ainsi un effet de perspective accentué. L’espace qui en résulte, espace de déplacement, de transition, m’a inspiré.
Face aux défis actuels, autant environnementaux que sanitaires, de grands changements sont inéluctables. Des changements de comportement, d’habitudes, mais aussi de disposition d’esprit. Dans notre quotidien, où la vitesse est tyrannique, nous ne faisons que réagir à ce qui se présente et exige une réponse immédiate, pragmatique. Nos esprits s’échauffent et nos corps s’oublient. Le théâtre, comme toute autre forme d’art, nous contraint à ré-orienter notre attention, à laisser la place aux émotions, à ressentir physiquement, à changer d’état. Il nous faut recevoir, prendre le temps de voir, d’écouter et d’assimiler.
« L’état de la matière » apporte une dimension organique à ce changement de disposition d’esprit qui s’opère lors de notre déplacement dans ce couloir des pas perdus vers la salle Mummenschanz.
De simples lignes d’argile, fragiles, d’un matériau extrait localement, médium archaïque, imposent une présence formelle discrète en contraste avec le béton, massif, matériau de la construction endémique contemporaine. La production de ces petits traits d’argile, émanations du geste, engage le corps; l’idée se matérialise dans quelques kilos d’argile et la différence de température de cuisson seule permet d’obtenir différents états du même matériau.
Oeuvre in situ, elle n’est pas autonome mais s’intègre intimement dans l’architecture pour réveiller notre attention à l’espace.
L’horizontalité nous accompagne au fil de notre déplacement, suivant le motif dominant des lignes de coffrage du béton; une certaine tension se crée avec la densité de la présence des éléments et leurs différentes matérialités, accentuant l’effet de perspective et la sensation de vitesse.
Puis, en changeant d’espace, une rupture. Le regard est attiré vers le haut; les lignes ont changé d’orientation, comme nous avons changé d’état.

technique
Argile de la carrière de Wallenried-FR, exploitée par la briqueterie de Guin.
(Tuileries Fribourg & Lausanne SA)
La dimension, la couleur et l’état de vitrification varient en fonction de la température de cuisson, entre 960° et 1160°.
L’intervention est constituée de 426 éléments façonnés avec à peine 9 kg d’argile.